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Les crimes du «développement» au Guatemala

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Issue: 44 Section: Français Geography: Latin America Guatemala Topics: Mining, corporate

March 9, 2007

Les crimes du «développement» au Guatemala

Part 1 : Skye Resources et la réoccupation des terres au Guatemala

by Dawn Paley

Décembre 2006. Les membres de la communauté de Barrio Revolución dans leur lieu de rassemblement. mimundo.org Photo: James Rodriguez

Connu pour avoir accueilli le projet de mine de nickel de INCO des années soixante jusqu’à la moitié des années quatre-vingt, El Estor, au Guatemala, est de retour sur la scène médiatique. Il y a trois ans, Skye Resources, une compagnie minière canadienne basée à Vancouver, a racheté des concessions en promettant le développement économique de la région grâce à la création d’emplois locaux. Pourtant, sur le terrain, la compagnie se livre à des expulsions violentes par vagues successives.

Dans le village surpeuplé de Chichipate, situé à l’ouest d’El Estor, les habitants vivaient depuis plusieurs années sur des lots de terre chacun occupé par au moins cinq familles. À la mi-septembre 2006, 400 familles divisées en six groupes se sont installées sur les terres appartenant à la filière guatémaltèque de Skye Resources, la Compania Guatemalteca de Niquel (CGN).

La grande majorité des gens ayant pris part à ce que certains ont nommé « l’invasion des terres » sont des paysans Maya Q’eqchi. Leur désir principal est d’avoir assez de terre pour subvenir aux besoins de leur famille avec une agriculture de subsistance.

Décembre 2006. Des membres de la communauté de Barrio Revolución. mimundo.org Photo: James Rodriguez

Barrio Revolución est l’une des six nouvelles communautés de la région. Elle est apparue rapidement au cours des derniers mois sur les terres inutilisées ou improductives du concessionnaire minier. Face aux expulsions répétées, dont l’une forcée le 12 novembre 2006, les membres de la communauté ont construit et reconstruit des maisons au toit de chaume, monté un abri pour les rassemblements et commencé à semer du maïs et des fèves.

Lors d’une visite début décembre, après la première expulsion, les gens me montraient leurs maisons dont plusieurs étaient encore en construction. Leur lieu de rassemblement était composé d’un large toit de feuilles de palmier hissées sur des poutres et d’un plancher lisse de terre où ils avaient installé des bancs faits à la main. Malgré les difficultés de la dernière expulsion, un regain d’espoir était palpable dans la communauté.

Doña Fidelia, une aînée vivant à Revolución, me rappela un fait important de leur histoire : « Nous récupérons nos terres, nous ne les envahissons pas. Certains d’entre nous sont nés sur ces terres avant l’arrivée de la compagnie minière. EXMIBAL n’était pas la première ici, nos parents y étaient ». Dans les années soixante, EXMIBAL, une compagnie d’exploitation de nickel, fut introduite dans la région par le géant minier canadien INCO. En 2004, Skye Resources acheta EXMIBAL et commença l’exploration sous le nom « Fenix Project », puis CGN.

Dans le cimetière de la communauté, au cœur de Revolución, des pierres tombales datant des années 20 viennent appuyer la thèse de la terre d’origine. Quand EXMIBAL a commencé à acheter et nettoyer les terres dans les années 1960, les habitants de la région furent soit soudoyés, soit forcés de partir. Certains furent même assassinés.

D’une voix franche, Fedelia explique que ses parents « payèrent de leur vie la défense active et physique de leur terre ». Les histoires comme celle de Fedelia ne sortent pas de l’ordinaire pour la population paysanne de la région. Beaucoup ont perdu des amis, des membres de leur famille et leurs meneurs dans ce conflit qui a tourmenté le Guatemala pendant 36 ans.

Même si les conditions de vie se sont sans aucun doute améliorées depuis les accords de paix de 1996, un climat de peur et d’incertitude règne depuis le début de la réoccupation des terres en septembre 2006. Les personnes rencontrées en décembre ont évoqué les survoles bihebdomadaire d’hélicoptères et les rencontres sans résultat avec des porte-parole de la compagnie où la communauté n’est pas autorisé à faire appel à des représentants légaux ou des traducteurs. Ils ont également parlé d’une nuit horrible en novembre où des centaines de militaires et de policiers sont venus pour chasser les gens des terres.

La première expulsion a été effectuée le 12 novembre sous un mandat signé par un juge, comme le requiert la législation guatémaltèque. Dans des déclarations rappelant l’époque de EXMIBAL, des témoins oculaires de la nuit des expulsions expliquèrent que des groupes de policiers et de militaires furent déployés à l’intérieur des frontières de la propriété de la compagnie – certains utilisèrent même les véhicules de la compagnie – pour expulser les gens de leur maison.

Revolución a fait face à un autre ordre d’expulsion le 27 décembre dernier, pendant la période de Noël. En suivant les procédures d’expulsion spécifique à la loi sur l’occupation d’une terre privée, CGN-Skye Resources désirait suivre une démarche « légale ». Le matin du 27, les habitants de Revolución étaient organisés et s’attendaient au pire. C’est en écoutant la radio locale qu’ils ont appris l’annulation de l’intervention policière.

Alors qu’un sentiment de soulagement planait, un nouvel avis d’expulsion fut annoncé pour le 8 janvier 2007.

Traduit par Projet Accompagnement Québec-Guatemala

À lire: Partie II : Skye Resources incendie des maisons

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